Ligia Lewis

Porté par trois performeur.euses, minor matter constitue le deuxième volet de la trigole Blude Red White. Deux dispositifs discursifs y entrent en jeu : la notion de blackness – le fait d’être noir – et la boîte noire – l’espace théâtral. Lewis s’appuie sur la couleur rouge pour donner corps à des pensées évoluant entre l’amour et la rage. La performance se déploie de manière pluridirectionnelle, créant une poétique de la dissonance qui fait émerger des questions liées à la représentation, à l’abstraction et aux limites de la signification. Les performeur·euses atteignent l’épuisement au fur et à mesure que leurs corps dépouillent la scène de sa mystique formelle pour se rapprocher de sa matière – le noir. Dans minor matter, le son traverse plusieurs époques musicales pour arriver à un présent intime. Fondés sur la logique de l’interdépendance, les différents éléments constitutifs de ce qu’est le théâtre – la lumière, le son, l’image et la scénographie – s’entremêlent à la présence des trois corps, donnant vie à un espace social et poétique vibrant. 

Ligia Lewis est chorégraphe et metteuse en scène. Dans son travail, les métaphores sonores et les éléments visuels rencontrent le corps, matérialisant l'énigmatique, le poétique et le dissonant. Il discute des nuances de l'incarnation. Son travail a été présenté dans de nombreux endroits en Europe, aux États-Unis et à l'étranger. Elle a été soutenue et produite par le théâtre HAU Hebbel am Ufer de 2017 à 2021 et a été artiste en résidence au tanzhaus nrw de 2017 à 2019. Elle est lauréate du German Theater Award, Der Faust, dans la catégorie Performance en danse pour sa pièce A Plot / A Scandal (2022), d'un prix Tabori dans la catégorie Distinction, d'une bourse de la Foundation for Contemporary Arts et d'un Bessie Award pour une production exceptionnelle. Elle est l'une des artistes vedettes de la Biennale du Whitney de cette année. Ses autres œuvres comprennent : Still Not Still (2021), deader than dead (2020), Water Will (in Melody) (2018), and minor matter (2016), et Sorrow Swag (2014). L'adaptation cinématographique de son œuvre théâtrale, A Plot / A Scandal, a été diffusée sur Mubi, en streaming aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni.
 

A Plot / A Scandal 

Court-métrage I 2023 I États-Unis

mar 01/10 I 18h 

mer 02/10 I 18h

Friche la Belle de Mai I studio MOD 

20min en boucle

Explorant l’intersection entre le plaisir et la détresse induits par les moments de scandale, la nouvelle œuvre de la chorégraphe conceptuelle berlinoise Ligia Lewis tisse des récits historiques, politiques, anecdotiques et mythiques. La performance dansée de Ligia Lewis s’inspire de personnes et de moments tels que le penseur des Lumières John Locke et la révolte de 1521 des personnes réduites en esclavage dans sa famille à Saint-Domingue, en République dominicaine ; même l’arrière-grand-mère de Ligia Lewis apparaît comme un guide de la résistance. Surprenant, profondément stratifié et mystérieux, A Plot/A Scandal explore le visible et l’invisible, la représentation et le refus.
 

deader than dead

Court-métrage I 2020 I États-Unis 

mar 01/10 I 18h 

mer 02/10 I 18h

Friche la Belle de Mai I Studio MOD

19min en boucle

Chorégraphié et réalisé par Ligia Lewis, Deader than dead est conçu comme une recherche ironique sur le deadpan : forme d’attitude impassible pour illustrer la distance émotionnelle. Initialement prévue comme une performance pour le Hammer museum et produit pour Made in L.A. 2020, celle-ci s’est vu reportée en raison de la pandémie. Pour sa version filmée, les danseur·x·se·s sont à l’œuvre sur le soliloque final de Macbeth (« Tomorrow, and tomorrow, and tomorrow », pensée sur la répétition et l’absence de sens) qui se déploie en partition modulaire, chaque chapitre étant une illustration ou une parodie de la mort, de la crise et du vide. La performance est également une réflexion sur le jeu, sur la familiarité avec la tragédie dans les communautés noires, sur le temps et ses boucles, sur le toucher, comme acte à la fois de soin et de violence. Décomposée au fur et à mesure, la complainte musicale Deader than dead se construit comme une plainte prolongée à l’infini.