Théo Mercier

Dans ce monde dystopique, où la menace du désastre est mise en balance avec l’horizon du recyclable, les amants fusionnent, entre eux comme avec leur environnement de carton, sous le regard d’un troisième personnage métallique qui évolue, lui, en solitaire dans les couloirs du monde d’en-haut. Creusant la double définition du reste, terme qui renvoie à la fois à la résidualité et à la résistance, la pièce présente les déchets comme autant de peaux mortes de la consommation, encombrants vidés de leur dimension jouissive, devenus le compost sur lequel éclot cette histoire d’amour. Le plasticien et metteur en scène conçoit ici un théâtre de tableaux vivants qui fait éclater le cadre de la black box, plaçant le public sur scène, en position de voyeur. Essai de « déchétologie », chaque représentation est montée en collaboration avec un centre de traitement local, une manière d’interroger la production à l’heure du monde global, celle de continuer à créer, vivre et s’aimer malgré le trouble et l’horreur du temps présent.

Né à Paris en 1984, Théo Mercier s’emploie à déconstruire les mécanismes de l’histoire, des objets et des représentations. Sa réflexion se situe au carrefour de l’anthropologie, de la géopolitique et du tourisme. Dans ses créations s’affrontent dans une cacophonie ordonnée passé, présent et futur, vie et mort, artisanal et industriel, profane et sacré, réel et fiction. Pensionnaire de la Villa Médicis en 2013 et nominé pour le prix Marcel-Duchamp en 2014, il a exposé dans de nombreux lieux culturels, en France et au Mexique. Passant du white cube à la « boite noire », il a mis en scène diverses performances telles que Du futur faisons table rase (2014) et Affordable solution for better living (2018). Ses travaux ont notamment été présentés à Nanterre-Amandiers, la Ménagerie de verre et à actoral. En 2021, il crée Outremonde, début d'une trilogie mêlant exposition et performance. En 2022, il présente le deuxième chapitre à Luma Westbau Zurich et en 2023, remporte le prix du jury à la Quadriennale de scénographie de Prague. En parallèle, il expose à la Villa Médicis à Rome et crée une version spéciale de Radio Vinci Park pour la Biennale de Lyon.