Le mal appliqué
Des événements perturbants - l’inondation d’un appartement, l’incendie d’un autre, l’effondrement d’un immeuble - contraignent Manuel Arganaraz à abandonner son semblant de vie sociale et à emménager dans sa voiture. Sûr que la ville bascule et, plus encore, que le monde vient de changer de plan en secret, Manuel sort son téléphone et s’apprête à noter en direct les minutes finales des choses dernières. Dans son bureau d’écriture mobile, il attend, observe, sillonne le centre-ville de Marseille mais rien n’arrive. En réalité plus rien n’a lieu : une étrange et implacable grève des événements s’institue, qui le contraindra à écrire moins une apocalypse qu’un chant et à vivre, innocente, inutile, tragique et poétique, la vie du dernier homme.
Arno Calleja a étudié la philosophie et a commencé à publier en revues au début des années 2000. Ses textes se caractérisent par une parole libre, déraillante, saisie avant toute censure et laissée à son auto-engendrement. Sans majuscule ni ponctuation, sa langue avance en spirales et en éclatements. S’alléger du poids du temps, recouvrer le flux du monde dans un flux langagier, voilà l’ambition de cette parole qui de toute pulsion fait texte.