Miet Warlop

Les objets du quotidien ont une âme chez Miet Warlop, parfois même plus riche et dérangée que celle des humains. Pour After All Springville, la plasticienne et metteuse-en-scène belge réactive une de ses premières créations, et l’étoffe d’une scénographie plus dynamique et de quelques présences supplémentaires. Autour d’une maison conçue en matériaux de récup, diverses mini-catastrophes se succèdent sur un rythme accidenté, au gré de la démarche boiteuse de ses créatures-objets au bord du langage, elles-mêmes surgies du mobilier domestique ou urbain. L’esthétique de l’artiste est un assemblage disparate de matériaux industriels, de DIY, de sculpture, et d’influences cartoonesques ou burlesques. Mais derrière cette imagerie volontiers enfantine et ce surréalisme du quotidien, se compose un tableau plus inquiet où se lisent les déséquilibres qui sous-tendent nos modes de vie et notre sens du collectif. Entre les bricolages loufoques et les gags technico-ludiques, les mutations évoluent en mutilations, les interactions échouent, la matière avale l’homme et la destruction s’impose comme seule issue – puis comme renouvellement. Dans l’univers cabossé de Springville, notre réalité usuelle révèle son incongruité et ses dysfonctions, comme si occuper nos habitats n’était pas si évident qu’il n’y semblait.

BIO

Miet Warlop, née en 1978 en Belgique flamande, est diplômée d’un Master en Arts Visuels à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Gand. En 2004, elle remporte le prix du jury du KASK Franciscus Pycke et le prix Jeune Théâtre du Theater aan Zee d’Oostende grâce à son spectacle de fin d’études Huilend Hert. Dans Proposition 1 : Réanimation (2006), elle recréait des scènes de vie avec de simples vêtements. Dans Springville (2009), elle donnait vie à des êtres mi-humains mi-objets. Elle a ensuite signé Mystery Magnet (2012) et le solo Dragging the Bone (2014).
En 2015, elle participe à l’anniversaire des cinquante ans de Beursschouwburg (Bruxelles) avec Rocket that took off the grid. Miet Warlop ouvre sa première exposition à KIOSK Gallery (Gand), Crumbling Down the Circle of my Iconoclasm. En 2016, elle crée Fruits of Labor, un concert performance chorégraphique de nuit, un analgésique pour le monde.

En plus de son travail de performances théâtrales, Miet Warlop a créé et présenté un cycle de performances d'art visuel et d'installations en direct, Nervous Pictures (2017) au KW Institute for Contemporary Art (Berlin), au Palais de Tokyo (Paris), à Performatik (Bruxelles), entre autres. La même année, le festival actoral l’invite pour "L'Objet des Mots", ce qui donne lieu à un nouveau projet Ghost Writer and the Broken Hand Break - une production qui sera présentée en septembre 2018 au NTGent (Gand). Warlop coopère avec l'auteur et curateur Raimundas Malasauskas et le musicien Pieter De Meester. En 2018, Miet Warlop créée la performance solo Big Bears Cry Too, avec Wietse Tanghe.

Au fil des confinements dûs à la pandémie de Covid 19, Miet Warlop et Irene Wool ont développé l'idée de créer une plateforme en ligne. Celle-ci est actuellement utilisée pour la sitcom en ligne Slamming Doors, un projet qui fonctionne comme une préface pour le spectacle Histoire(s) du Théâtre 4 : Slamming Doors (création à NTGent, 2022). À l'automne 2021, Miet Warlop revisite la pièce Springville, vieille de douze ans, sous le nouveau titre After All Springville.

photo © Reinhout Hiel