Smaïl Kanouté

Au XVIème siècle, Yasuke Kurosan, ancien esclave originaire du Mozambique passé entre les mains de portugais comme de jésuites italiens, fut sacré samouraï par un chef de guerre japonais, devenant ainsi le seul noir de l’histoire à intégrer la célèbre caste guerrière. Smaïl Kanouté s’inspire de ce récit peu relayé pour traiter de multiculturalisme, en particulier celui croisant Afrique et Asie. Pour le second volet de son triptyque de pièces et de courts-métrages sur la condition noire, le « choré-graffeur » est allé à la rencontre d’afro-asiatiques parisiens, dont certains en composent désormais le casting. Maillé de motifs calligraphiques comme chorégraphiques, Yasuke Kurosan recueille le fruit du métissage de ces corps et de ces cultures, qu’il découle de l’expérience de ses interprètes ou des traditions qui les habitent. Pour lui, Afrique et Asie se rencontrent dans la méditation, l’animisme, et une forte physicalité qui, sur scène, peut surgir dans une danse afro-shinto comme dans des percussions ancestrales – le « gwo ka » guadeloupéen, le « taiko » japonais. Ce sont, enfin, des mutations personnelles et identitaires qui opèrent au fil de la dramaturgie : celle d’un esclave vouté qui s’érige en samouraï, celle d’individus qui s’inventent dans le frottement de deux cultures, et celles de racines lointaines qui se conjuguent au présent pour nourrir le récit afro-futuriste contemporain.