Wichaya Artamat

À Bangkok, une sœur et un frère honorent leur père décédé lors d’un rituel chinois étalé sur 3 rendez-vous, d’une année sur l’autre. Dans la cuisine du défunt, ils s’ennuient, mangent, conversent nonchalamment, remuent le passé, se charrient un peu. Elle a délaissé un studio de yoga pour se lancer en cuisine ; il étudie le théâtre et le management, l’occasion de quelques vannes sur le sujet. Par touches fortuites, de ce tableau perversement banal émerge une étude à bas bruit de l’intime, de l’entente familiale et des vicissitudes humaines. C’est dans le soin porté au détail et au climat qu’est donc à trouver la force de This Song Father Used To Sing – Three Days In May, volet d’une trilogie du thaïlandais Wichaya Artamat. Ici, un comédien reste glué à son smartphone sur la moitié de la pièce, l’autre passe son temps à se moucher, une oisiveté flotte, la communication est éparse, et pourtant quelque chose s’élabore. Sous la dérision ou l’insignifiance délibérée du dialogue, le portrait naturaliste renferme un songe plus vaste, qui se livre dans les silences, et les quelques reflets filmiques de la scénographie.